Blâmer le Canada

Cette semaine, Grassland Dairy Products inc. a annoncé qu'elle réduirait son approvisionnement en lait. Par conséquent, 75 fermes laitières des États-Unis devront trouver un autre acheteur pour leur lait. Dans une lettre expliquant leur décision, Grassland s'en est prise à l'industrie laitière canadienne, suggérant que des modifications apportées à la réglementation canadienne affectaient leurs activités commerciales et que, conséquemment, le Canada était responsable de leur décision. Les producteurs laitiers canadiens ne sauraient exprimer à quel point cette situation est malheureuse pour leurs collègues des États-Unis et leur famille qui devront subir les répercussions de cette décision de Grassland. Les producteurs canadiens sont très compatissants – et ne souhaiteraient jamais pareille chose à personne. Cependant, nous devons tout de même rétablir les faits et préciser qu'il n'y a eu aucun changement à la réglementation canadienne relativement aux importations de produits laitiers ni de changement aux tarifs canadiens applicables aux produits laitiers, et nous voulons que ce soit très clair.

Le secteur laitier américain fait reposer toute sa défense sur la récente mise en œuvre d'une nouvelle classe de lait (la classe 7) au Canada. Mais malheureusement, cette justification est truffée de fausseté et de demi-vérités. Malgré ce qu’a affirmé le secteur laitier américain, la classe 7 est une politique intérieure dont l'unique objectif est de permettre au secteur laitier canadien de s'adapter à un environnement de marché canadien en pleine évolution. En termes très clairs : la mise en œuvre de la classe 7 n’obstrue pas les importations et ne restreint pas l'accès des États-Unis au marché canadien – les entreprises canadiennes sont encore libres de choisir leurs fournisseurs, tout comme les entreprises américaines.

La vérité est que les marchés laitiers des États-Unis et du monde entier sont actuellement sursaturés, ce qui a mené à de faibles prix à la production et un prix inférieur reçu par les transformateurs. Bref, aux États-Unis et partout dans le monde, trop de lait est produit. Aux États-Unis, la situation de la production excessive de lait est exacerbée dans un environnement où la capacité de transformation manque. Lorsque la production de lait est trop élevée, les prix s’écrasent et il n’y a pas d’incitation à investir dans des capacités de transformation accrues. Ce qui entraîne des pertes d'emplois, une perte de revenus pour les producteurs et, dans certains cas, des fermetures de fermes.

Inversement, au Canada, la gestion de l’offre (qui signifie littéralement de faire correspondre l'offre à la demande) permet d'éviter la surproduction et réduit l'impact dévastateur des fluctuations du marché, comme celles qui prévalent aux États-Unis à l'heure actuelle.

Nous savons que les producteurs laitiers des États-Unis traversent actuellement une période difficile. Toutefois, jeter le blâme, à tort, sur une politique intérieure canadienne sans rapport n'améliorera en rien la situation. Pour mettre les choses encore plus en perspective, la population du Canada n'est que d'environ 36 millions d'habitants – ce qui est inférieur à celle de l'État de la Californie.

Peu importe l'angle sous lequel on envisage la situation, les exportations américaines vers le marché canadien, un marché qui est comparativement petit et déjà rempli de lait canadien, sont comme une goutte d’eau dans l’océan qui ne réglera pas les problèmes qui touchent actuellement l'industrie laitière des États-Unis.

C’est une erreur d'utiliser le Canada comme bouc émissaire pour la situation actuelle aux États-Unis.

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